Résumé
Objectifs : Les objectifs de la présente étude étaient de : 1) déterminer si les jeunes agressés sexuellement dans les services de protection de la jeunesse recevaient plus de diagnostics psychiatriques et présentaient plus de comorbidités que les jeunes de la population générale ; et 2) examiner les profils de comorbidité des jeunes agressés sexuellement sur une période de 10 ans de consultations médicales et d'hospitalisations. Méthode : Les diagnostics de 882 jeunes ayant un signalement confirmé d'agression sexuelle entre 2001 et 2010 dans un service de protection de la jeunesse participant ont été comparés à ceux de 882 témoins appariés (n = 1764). Résultats : Les résultats des modèles linéaires mixtes généralisés ont montré que les jeunes agressés sexuellement présentaient des taux plus élevés dans toutes les catégories diagnostiques et étaient jusqu'à quatre fois plus susceptibles de présenter des diagnostics de comorbidité. Les analyses de classes latentes parmi les jeunes agressés ont révélé quatre différents profils de comorbidité ; deux groupes plus sévères nommés trauma complexe (11%) et dissociation (14%) ; et deux groupes moins sévères nommés dépression (10%) et faible ou absence de comorbidité/résilience (65%). Les jeunes avec davantage de maltraitance cumulative et un plus grand nombre d'années de données suivant l’agression sexuelle vécue étaient plus à risque de présenter un profil de comorbidité, tandis que les femmes étaient plus susceptibles de présenter un profil de dépression. Les profils des jeunes de la classe de comorbidité la plus élevée étaient similaires à ceux définis par un trauma complexe ou un trouble de stress post-traumatique complexe. Implications : Les profils variés des jeunes agressés sexuellement justifient des interventions variées. Des interventions intégrées et sensibles aux traumas sont nécessaires pour aborder la maltraitance cumulative vécue et la comorbidité psychiatrique que certains jeunes présentent.